
NATHALIE JEGOU
La compulsion alimentaire- l'anesthĂ©sie de soi.đ¶
Le paquet de gĂąteau y est passĂ©. Câest comme ça presque tous les soirs depuis un bon moment dĂ©jĂ . Plusieurs mois, Ă vrai direâŠ.
En un clin dâĆil, elle a tout bouffĂ©âŠet rien apprĂ©ciĂ©.
Isabelle est affalĂ©e sur le canapĂ©. La tĂ©lĂ©vision est allumĂ©eâŠelle ne sâest mĂȘme pas rendue compte que le journal de 20 h Ă©tait terminĂ©. Elle a Ă©tĂ© emportĂ©e par une pulsion, incontrĂŽlableâŠElle se rappelle ĂȘtre rentrĂ©e du boulot, crevĂ©e ; Il Ă©tait 18h30âŠElle a pris une rapide douche, sâest mise en tenue confortableâŠcomme une automate.

Ding ! 19h30, heure du repas : elle a grignotĂ© les restes du repas dâhier, sur le canapĂ©, en pensant aux dossiers clients accumulĂ©s sur son bureau.
Et paf ; 10 minutes aprĂšs, alors quâelle avait allumĂ© la tv, elle a littĂ©ralement couru jusquâau placard de la cuisine, a rĂ©cupĂ©rĂ© le paquet de gĂąteau au chocolatâŠImpossible de se retenir : une pulsion incontrĂŽlable.
En un clin dâĆil, elle a tout bouffĂ©âŠet rien apprĂ©ciĂ©.
Sur la table basse, devant elle, le paquet dĂ©chirĂ©, vide, semble la narguer et lui dire « Je suis le plus fort ! Tu ne peux pas me rĂ©sister. Merci de tâĂȘtre goinfrĂ©e. ».
Elle sent monter en elle du dĂ©gout, de la dĂ©ception, de la culpabilitĂ©. Elle a mal au ventre. Elle est Ă©cĆurĂ©e.
« Mais pourquoi ai-je encore craquĂ© ! » ; se demande-t-elle soudain⊠« câest Ă chaque fois pareil ! Quelle conne ! » sâexclame-t-elle Ă haute voix ! « Aucune volontĂ© ! Tu fais pitiĂ© ma pauvre fille »
La petite voix Ă lâintĂ©rieur de son crane en rajoute « Tu deviens grosse. Tâes vieille et grosse ! tu es incapable de rĂ©sister Ă lâappel du chocolat ! tu es fiĂšre de toi ? »
+ 8kg en 6 mois. « Mais tu tâes vue ? Tu te laisses complĂštement allerâŠAucune volontĂ© ! »
Isabelle ne comprend pas. Elle nâa pas toujours Ă©tĂ© comme ça ! Autrefois, elle Ă©tait svelte, active, joyeuse, coquetteâŠune vie sociale bien remplieâŠĂ§a, câĂ©tait avantâŠComment en est-elle arrivĂ©e lĂ ?
Sa mĂšre est tombĂ©e malade il y a 1 an ; « Est-ce Ă ce moment que jâai lĂąchĂ© ? » se demande-t-elle. Elle ne comprend pasâŠ.Elle cherche un explicationâŠtout sâemmĂȘle dans sa tĂȘteâŠil y a tellement de choses ! le dĂ©part des enfants ? le changement de travail ? sa relation toxique avec Jean ? Les factures impayĂ©es ?
âŠ+8kg en 6 mois. Elle avait bien remarquĂ© que sa jupe la serrait de plus en plus âŠ.Elle a prĂ©fĂ©rĂ© ne rien voir, ne rien ressentirâŠ.DĂ©ni de soi totalâŠmais il y a un peu plus dâun mois, un matin, elle a osĂ© grimper sur la balance, le cĆur battant Ă la chamadeâŠle verdict est
tombée : + 8.7 kg.
Le choc !
Pourtant, elle a toujours, toujours fait attention Ă son assiette : LĂ©gumes verts, morceau de viande et une poignĂ©e de fĂ©culents, Laitage. Normalement, câest ce quâil faut faire, non ? Tout le monde sait quoi et quand manger !! Repas Ă©quilibrĂ© ; 5 fruits et lĂ©gumes / jourâŠ1 œ litre dâeauâŠ
Alors pourquoi se jette - t-elle sur les paquets de chocolat, pratiquement tous les soirs âŠmaintenant !?
Toujours assise sur le canapĂ©, le ventre tendu, elle sent un sanglot qui veut sortir de son corpsâŠde sa gorge. Il monte, il gonfle, câest comme une boule qui voudrait lâĂ©toufferâŠelle est Ă©norme, cette boule ! Elle la retient. Isabelle a peur du cri qui semble vouloir se libĂ©rer ; un cri animal, surhumainâŠLe cri dâune souffrance trop longtemps Ă©touffĂ©e, contenueâŠHors de questions quâelle la laisse sortir, cette boule⊠Quâarriverait-il ensuite ? Impossible de perdre le contrĂŽle ! Câest une battante !
Du plus loin quâelle se souvienne, elle lâa toujours ressentie cette bouleâŠenfant, adolescente, jeune femme, sa rappelle- t-elle ce soirâŠLa petite voix dans sa tĂȘte lui a toujours ordonnĂ© de ne pas la laisser sortir. Elle a obĂ©i. Gare aux reprĂ©sailles !âŠ
Elle est si fatiguĂ©eâŠ. En survie, constamment. Une lutte acharnĂ©e contre elle-mĂȘme, contre la sociĂ©tĂ©, contre sa familleâŠElle voudrait fuir parfoisâŠmais fuir quoi, fuir qui, fuir oĂč ?
« On dirait un animal effrayĂ© ... » remarque-t-elle en un sursaut de conscienceâŠ.
Il est 22h00. Isabelle se lĂšve enfin du canapĂ©, Ă©puisĂ©e, ouvre la porte de sa chambre et sâallonge sur le lit, encore habillĂ©e. Fuir dans la nuit....
« Demain est un autre jour » se dit-elle, sans y croire, les yeux remplis de larmes.
« Isabelle, tu nâes pas responsable de ton Ă©tat. Tu nâes pas responsable de ta prise de poidsâŠTu nâes pas responsable de tes pulsions alimentairesâŠCelles-ci te permettent instinctivement dâanesthĂ©sier ta douleur, de te rĂ©conforterâŠCela nâa rien Ă voir avec la volontĂ© : Câest ton cerveau qui est aux manettesâŠet toi, tu es en miette .. Que tu en sois consciente ou pas, tes 8 kg sont un rempart contre une vie difficileâŠ.que ton cerveau perçoit. Le comprends-tu?
Cesse de te fuir....cesse de faire semblant. C'est bien trop épuisant! J'ai fait ça pendant 20 ans! je sais de quoi je parle!
Je suis lĂ pour tâaider, moi, si tu veux.
Ne te laisse pas tomber!
Modifier ses comportements alimentaires aliénants ne se fait pas en une semaine, 1 mois, 2 mois.
Perdre 8, 11, 15 ou 25 kg...et bien, ca prend du temps.
âłDe grĂące, laissez-vous du temps.....le temps de la rĂ©paration, le temps de l'apprentissage.
...et laissez moi vous accompagner.
Nathalie Jegou, coach minceur et bien-ĂȘtre.